lundi 2 août 2010

Rishikesh - ऋषिकेश

Il pleut depuis des heures ici à Roorkee ; nous sommes le 31 juillet, en plein milieu de la mousson.
Quelques rues du campus sont complètement inondées. Parfois le milieu de la route n'est pas immergé et tel Moïse, nous ouvrons la mer. Avec 3 parapluies pour 5 et beaucoup de bonne volonté, nous atteignons la gare de bus d'où nous partons pour Haridwar, puis Rishikesh, « capitale mondiale du yoga », haut-lieu de l'hindouisme et point de départ pour les quatre lieux sacrés d'où le Gange prend sa source : Yamnotri, Gangotri, Kedarnath et Badrinath.


La ville, au pied de l'Himalaya et entourée de belles collines boisées, est prise d'assaut par les citadins et les pèlerins indiens de mai à août. Nous marchons tranquillement vers le quartier de Swargashram puis de Lakshman Jhula où nous trouvons des chambres doubles à 250 roupies pour passer la nuit. Un pont et deux passerelles piétonnes enjambent le Gange, le saint des saints des hindous.


En ce premier jour d'août, rien de tel qu'une nouvelle marée humaine, orange à nouveau. Celle-ci se dirige ou revient du Neelkanth Mahadev Temple, un des lieux sacrés les plus vénérés par les hindous. Nous ne saurons pas ce qu'il y avait tout en haut ; il faut en effet près de 4 heures pour atteindre le temple perché à 1330 mètres ; nous ne le savions pas et faisons demi-tour après 2 heures de marche fatigante, sous un soleil de plomb. Au bord de ce chemin, des dizaines et des dizaines d'infirmes (estropiés, amputés) font la manche assis ou allongés par terre, parfois tremblants, souvent le regard vide. Impossible d'y échapper, tourner la tête n'amène qu'à voir une nouvelle horreur.
En montant, nous découvrons une « drôle » de pratique : plusieurs hommes se dirigent vers le temple uniquement en s'allongeant sur le chemin et en repartant au niveau où se trouvait leur tête. Pour parcourir les 12 kilomètres séparant Rishikesh du temple, un homme mesurant 1m70 devra s'allonger environ 7000 fois. Un autre pèlerin contrôle la longueur des avancées ; gagner quelques centimètres reviendrait à trahir Shiva. Cette preuve de complète dévotion témoignée par le pèlerin n'aurait alors plus aucune valeur. A gauche, un homme est allongé, la tête ensevelie dans la terre ; vision inquiétante, quasi terrifiante de cet ascète coupé du monde, à deux pas de cette foule, qui elle, continue son chemin. Des jeunes courent, chantent et dansent parfois dans une ambiance plutôt familiale, empreinte de religiosité.

Au retour, nous nous mettons à la recherche de l'âshram où les Beatles (entre autres) ont résidé, médité, composé... Dans l'Inde ancienne, un âshram désignait un « ermitage retiré dans la nature, dans la forêt ou la montagne, où les sages vivaient dans la paix et la tranquillité, loin de l'agitation du monde ». Nous rencontrons par hasard un sâdhu pas rasé, yogi à ses heures, qui nous invite à le suivre. Les sâdhus sont des renonçants, ils coupent tout lien avec leur famille, ne possèdent presque rien, on peut je pense également les qualifier d'ascètes. Par chance, il semble bien connaître son chemin et nous dira plus tard qu'il a travaillé dans cet aâhram et se souvient bien de la venue du Fab Four à Rishikesh.


En février 1968, il y a plus de 42 ans, les Beatles et leurs femmes se rendaient dans l'âshram du Maharishi Mahesh Yogi, pour recevoir son enseignement sur la méditation transcendantale. L'Inde n'est pas encore adaptée au tourisme. Tout le monde est hébergé dans les âshrams, on y mange uniquement la cuisine indienne, ici strictement végétarienne. Les vaches, les singes, les chiens errants, les mouches et les moustiques faisaient et font d'ailleurs toujours partie du paysage. Pas de bars, pas d'alcool, pas vraiment de distraction si l'on excepte les heures de méditation et de yoga que les quatre musiciens s'imposent chaque jour.





Hormis le fait qu'ils y vivent une extraordinaire période créative, composant apparemment plus de 40 chansons qui rempliront la quasi-totalité de l'album blanc (White Album) et jusqu'à leurs albums solos après leur séparation, en passant par quelques titres d'Abbey Road, ils terminent ce séjour dans la désillusion (demande d'argent de la part du Maharishi et rumeurs révélant un comportement déplacé de celui-ci envers quelques disciples féminines, notamment Mia Farrow). Dans le cas de John Lennon, le ressentiment est total. Ringo Starr et sa femme n'aiment pas la cuisine végétarienne et leurs enfants leur manquent, c'est pourquoi ils quittent l'ashram après seulement 2 semaines ; les autres restèrent environ deux mois.

Le site est immense, la végétation luxuriante. Cependant, les nombreux bâtiments et les grottes de méditation sont à l'abandon. Notre compagnon nous raconte qu'il y eut ici de la vie comme on ne pourrait imaginer, l'âshram était très réputé à l'époque. Nous pouvons nous promener partout grâce à notre nouvel ami qui connaît les lieux comme sa poche et que nous quittons très cordialement, avec un petit pincement au coeur.


Au retour, le voyage en bus est génial puisque tous les sièges étant occupés, nous avons la chance de nous installer dans le "cockpit" à l'avant, juste à côté du chauffeur ; frissons assurés!

4 commentaires:

  1. Super découverte !!! Quel Week-end de ouf !!
    Merci de nous en faire profiter ! Bises

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  2. je sais pas si c'est la nicole que je connais qui utilise le mot Ouf, mais c'est vrai que ça a l'air fou fou fou de découvrir tout ça. Enjoy !

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  3. Champvillard René29 août 2010 à 22:22

    Ta mère préférée m'a donné ton blog et je ne le regrette pas !
    Je viens de passer un délicieux moment dans ce pays attacchant que je connais un peu . Mais c'est si grand !!
    Belles photos ,de personnages surtout ,et commentaires parfaits .Merci. Vieux Doc

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  4. Merci beaucoup!
    Vous connaissez plutôt le nord ou le sud? J'irai au sud en Décembre mais avant cela je suis au nord et je passerai sûrement quelques jours au Népal en Octobre. J'espère que tout va bien chez les Champvillard! A bientôt

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