mercredi 27 octobre 2010

NEPAL - नेपाल


Après déjà trois mois passés en Inde, un séjour hors des frontières s'imposait. Le Népal, petit pays entouré de deux géants, l'Inde et la Chine, et qui peut se targuer de détenir les plus hautes montagnes du globe, s'est présenté comme la destination idéale. Et même si l'on peut au premier abord penser que ce pays est une réplique miniature de son voisin indien, la contrée népalaise, au carrefour mythique de la route de la soie et du sel, s'est révélée être d'un grand dépaysement. Le Népal, dont la pauvreté des habitants n'a d'égal que leur authentique sens de l'hospitalité, est le seul pays dont le drapeau n'est pas rectangulaire.


De cette semaine, courte mais chaque jour un peu plus enrichissante, je retiendrai les sourires, radieux et spontanés qui éclairent les visages et pleuvent au hasard des rues, les paysages dont la beauté laisse souvent sans voix, la religion également, omniprésente, hindouiste ou bouddhiste (les gens pour la plupart sont hindous ET bouddhistes) dans ce pays qui, n'ayant jamais été colonisé a conservé une culture et des traditions très anciennes.



Après avoir pu admirer par le hublot la majestueuse chaîne himalayenne, nous atterrissons à Katmandou, capitale politique et religieuse du Népal, la ville la plus peuplée (environ 1,5 million d'habitants) et la seule à posséder un aéroport international. Ce dernier, qui ne comporte qu'une seule piste d'atterrissage et de décollage, aux murs de briques rouges et à l'intérieur vieilli mais charmant, contraste grandement avec celui de New Delhi, totalement rénové pour l'accueil des Jeux du Commonwealth.

Nous passons l'après-midi à nous promener dans le vieux Katmandou, de temple en temple, de pagode en pagode, de stupa en stupa ; nous commençons à découvrir ce Népal touristique mais authentique et sommes à nouveau étonnés de l'importance voire l'omniprésence de la religion dans la vie de ses habitants. Dès le lendemain matin, nous partons pour Pokhara, une des destinations touristiques les plus populaires du pays, située à 200 kilomètres à l'ouest de Katmandou dont je parlerai un peu plus bas.




POKHARA (पोखरा)


Nous nous attendions en cette fin du mois d'octobre et si près des pics enneigés de l'Himalaya, à avoir froid mais c'est sous un brûlant soleil d'été que nous descendons du bus qui en plus de 6 heures nous a transportés de Katmandou à Pokhara, sur une route de montagne aux paysages somptueux, cultures en terrasses aux verts changeants et pics himalayens à la blancheur immuable.




Pokhara est la troisième plus grande ville népalaise (200 000 habitants). Sa renommée repose sur la beauté naturelle de ses lacs et rivières, au pied de l'Himalaya. Elle est bordée au Sud par le lac Phewa qui s'étend sur plus de 4 km² à altitude d'environ 800 mètres. Au Nord, la périphérie de la ville touche le pied de la chaîne des Annapurnas. Il n'y a pas d'autres endroits au Népal où les montagnes s'élèvent aussi vite. Dans cette zone, sur moins de 30 kilomètres, l'altitude passe de 1000 à plus de 8000 mètres. Les montagnes dominent tout l'horizon nord de la ville et sont une source constante de contemplation et d'admiration pour les touristes et les habitants.
Notons que le trekking des Annapurnas figure parmi les 10 meilleurs parcours de trekking du monde et commence à partir de Pokhara seulement. Nous n'avions pas le temps ni peut-être la condition physique pour cela...




Après avoir posé bagages et satisfait notre faim, nous louons une barque et traversons le lac pour la rive Sud où s'élève une belle colline boisée au sommet de laquelle se dresse la World Peace Pagoda. Nous partons alors pour une courte randonnée d'une heure environ et atteignons l'imposant édifice fatigués mais émerveillés, car en plus d'être un spectacle impressionnant en soi, le sanctuaire est un excellent point de vue qui offre un superbe panorama de la vallée de Pokhara. Cette «Pagode de la Paix» a été construite par des moines bouddhistes de l'organisation japonaise Nipponzan Myohoji pour promouvoir la paix dans le monde.
 



Le lendemain, c'est à vélo que nous découvrons l'arrière-pays népalais. Sur quelques kilomètres, nous longeons la rive gauche du lac. Le reflet des nuages, du ciel bleu et des reliefs verdoyants sur ses eaux calmes magnifie la beauté de ce lieu idyllique. Sur le chemin pentu épousant la forme du lac, nous rencontrons peu de touristes ; en continuant notre route vers l'ouest, nous traversons quelques petits villages authentiques. Dans les rues, calmement quelques enfants jouent, des femmes, un enfant dans les bras, marchent lentement, d'autres au pas plus pressant, transportent de beaux paniers remplis de grandes herbes vertes.



Le jour suivant, dès l'aube, nous partons pour Sarangkot, un petit village perché à 1600 mètres, au sommet d'une colline entre Pokhara et la chaîne himalayenne. Le temps est clair, la vue magnifique. Peu avant 6h, le soleil apparaît à l'horizon, les premiers rayons viennent alors caresser les neiges éternelles à plus de 8000 mètres. On aperçoit entre autres la chaîne des Annapurnas (I, II, III et IV) dont le plus élevé (8091 mètres) a été le premier sommet de plus de 8000 mètres à être gravi (en 1950), et ce par un français (et son équipe), Maurice Herzog.



Après avoir parcouru beaucoup de kilomètres à vélo dans la campagne népalaise et navigué des heures sur le lac Phewa, nous quittons cette vallée de rêve, presque à regret.



KATMANDOU (काठमाडौं)


Après plus de 3 jours à Pokhara, nous reprenons la direction de Katmandou. Cette ville, fondée au Xe siècle et qui s'élève à 1350 m d'altitude est l'une des plus polluée d'Asie.


Ville très exotique, mi-moderne, mi-moyenâgeuse, Katmandou constitue pour nous la porte d'entrée et de sortie du Népal. Après trois mois en Inde, ma première impression n'est pas celle du chaos et de la saleté, plutôt la sensation de marcher dans une cité dont l'histoire n'a pas d'âge, combinaison de plusieurs espaces-temps. Les femmes marchent dans la rue en sari pendant que les conducteurs se frayent un chemin à grands coups de klaxons. On y découvre de belles scènes de vie au détour d'une rue ou d'une ruelle. Chacune, par son authenticité, nous rappelle à quel point la vie est belle lorsqu'elle est simple. Ainsi, même si les montagnes et le tourisme d'aventure restent les raisons principales pour venir au Népal, Katmandou demeure une grande et belle découverte. Les habitants ici comme à Pokhara ne semblent pas être malheureux, malgré la pauvreté. 


A quelques minutes à pied de notre hôtel, Durbar Square représente le centre-ville de Katmandou, là où l'histoire et les arts se combinent à merveille. On dit que la maison de repos « kastamandap » située en son centre a donné son nom à la vallée de Katmandou, la légende racontant qu'elle aurait été construite à partir d'un seul arbre.

Au centre de la ville, se situe un palace (le Kumari Ghar) où demeure une enfant déesse, la Kumari Royale de Katmandou. Nous l'avons aperçue quelques secondes ; la photographier est strictement interdit mais je vous résume cette étrange coutume.
Une Kumari (vierge en népalais) est une petite fille sélectionnée par un comité de prêtres, à l'âge de 4 ans environ parmi des milliers de candidates issues de familles bouddhistes. Considérée comme l'incarnation vivante de la déesse hindoue Taleju, elle doit d'abord satisfaire 32 critères (ou perfections) ; en voici quelques-uns : excellente santé, dentition impeccable, mains et pieds délicats, yeux sombres, cheveux bruns, voix mélodieuse, pas une goutte de sang versée…
L'élue doit également avoir un thème astral en parfaite harmonie avec l'homme au pouvoir (en 2008, le Népal est passé du statut de monarchie à celui de république, c'est donc avec le président et non plus avec le roi que l'harmonie doit s'opérer).
En plus de cela, la petite fille doit être posée et de nature courageuse. Avant que le choix ne soit véritablement arrêté, pour tester son courage, on sacrifie des buffles et des moutons. Elle doit alors, dans la pénombre, se balader entre les têtes animales sans vie.
A la suite de ce rituel, la nouvelle Kumari est parée de superbes vêtements puis est installée sur son trône et conduite à sa résidence. Cette pauvre gamine ne pourra plus en sortir, sauf portée sur un palanquin lors de certaines fêtes annuelles (12 sorties par an). Entre temps, la Kumari vit reclue, coupée du monde,  et ne profite pas de son enfance. Pendant la durée de son règle divin, elle a des serviteurs et quelques professeurs particuliers qui se chargent de l’élever.
Dès que la petite se fait une écorchure entraînant une perte de sang (le sang est le symbole de l’impureté) ou que ses règles arrivent, elle est immédiatement destituée et l'on se met en quête d’une nouvelle Kumari.
Une fois qu'elles ont perdu leur précieux statut de déesse et que leur jeunesse est fichue, que deviennent ces petites filles? Leur réinsertion au monde réel doit sans doute être un vrai cauchemar. Le gouvernement a la bonté de leur accorder une allocation mensuelle de 6000 roupies (60€) soit environ quatre fois le revenu moyen népalais. Cependant elles sont souvent incapables d'évacuer la mysticité associée au statut de Kumari et ont souvent beaucoup de mal à s'adapter à la vie «normale». Aussi, n'espérez pas qu'elle trouve le bonheur auprès d’un charmant Népalais. Il se murmure que l’homme qui épouse une ancienne Kumari soit irrémédiablement destiné à une mort prochaine (cela dit la plupart des anciennes Kumaris se sont marié).

Matina Shakya, l'actuelle Kumari Royale, est apparue quelques secondes à la fenêtre centrale de sa belle demeure, joliment vêtue d'une robe de soie rouge et simplement maquillée. Elle n'a pas souri, on semblait lire dans ses yeux une pointe de désespoir. Pour cette fillette de six ans à peine, se montrer chaque jour aux touristes curieux ou aux croyants admiratifs est sûrement plus une corvée qu'un plaisir, plus une soumission qu'un jeu. En étant présent, j'ai en quelque sorte cautionné cette pratique ; je me demande si je ne le regrette pas un peu.


Plus tard, nous nous promenons dans le vieux quartier de Thamel, envoûtés par son côté rustique et moyenâgeux ; les touristes venus des quatre coins du monde se mêlent aux népalaises et népalais traditionnels.



BHAKTAPUR (भक्तपुर)

Bhaktapur se trouve à environ 13 kilomètres à l'est de Katmandou sur l'ancienne route commerciale qui jadis reliait l'Inde au Tibet. Aussi appelée Bhadgaon, cette ville antique qui s'élève à une altitude de plus de 1400 mètres nous fait découvrir l'architecture et l'art traditionnels népalais ; la poterie, les récoltes de céréales et les industries de tissage sont les activités principales de cette ville où le temps parfois semble suspendu.
Les enfants dehors s'amusent, des femmes confectionnent des pots d'argile, tissent et prennent soin des récoltes. La plupart des hommes, coiffé du traditionnel chapeau népalais (le topi), sont assis à l'ombre, seuls au fond de leurs boutiques ou réunis sous un abri.
La somme de 750 roupies (environ 8 euros) que chaque touriste doit verser à l'entrée de la vieille ville est je pense bien utilisée à l'amélioration du quotidien des habitants et à la restauration et l'entretien des très nombreux monuments.




SWAYAMBHUNATH (स्वयम्भूनाथ स्तुप)

En fin de matinée, le lendemain, dans la chaleur et la pollution (l'Himalaya au nord et Mhabharat au sud forment une barrière autour de la vallée de Katmandou qui empêche la dispersion de l'air pollué hors de la vallée), nous marchons en direction d'un des plus anciens et le plus saint des sites bouddhistes de Katmandou, Swayambhunath. C’est à partir de ce temple qu’a commencé l'histoire de la vallée de Katmandou. Cette fameuse vallée, qui n’était qu’un lac à l’origine, s'est métamorphosée quand, selon la légende, Bodhisattva Manjusri a coupé une gorge dans une colline du sud du Népal et drainé les eaux jusqu'à la vallée. Suite à la découverte d’un lotus qu'il admirait profondément lors de son passage sur le lac, il décida d’amener ses hommes à s'installer tout autour du lac et nomma cette terre « Vallée de Katmandou ». Aujourd'hui, ce complexe de stupas donne l’opportunité d'étudier l'harmonie religieuse du Népal (moines tibétains, prêtres hindous et bouddhistes prient côte à côte).
Après avoir monté les 365 marches qui mènent en haut de la colline, nous sommes accueillis par deux lions dorés gardant l'entrée. La plupart des monastères du temple comptent d'énormes moulins à prières, d’impressionnantes peintures bouddhiques et des lampes à beurre spéciales, lesquels ajoutent une touche d'élégance à ce lieu.



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Il est clair que le tourisme est une source de revenus majeure pour ce petit pays himalayen. Depuis la fin de la guerre civile entre les maoïstes et l'Etat, il y a quatre ans, le nombre de visiteurs étrangers a beaucoup augmenté ; cela ne m'étonne pas et je m'en réjouis. Le gouvernement a annoncé cette année avoir l'intention d'attirer un million de touristes l'an prochain, soit environ deux fois le nombre de visiteurs s'étant rendus au Népal l'an passé.


De Delhi à Roorkee, un bus nous ramène à la réalité. La nuit tombe rapidement. Et la lune, ronde et rousse, s'élève peu à peu dans le ciel tandis qu'au plafond dansent les ombres des écritures sanscrites de la vitre arrière que les phares derrière nous éclairent.

mardi 5 octobre 2010

Amritsar - ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ (Penjab)

Ce weekend passé à Amritsar va rester sans aucun doute un des meilleurs moments de mon séjour en Inde. Riches en émotions, ces deux jours nous ont fait découvrir une Inde que nous ne connaissions pas, d'y faire de belles rencontres, de comprendre qui sont ces Indiens enturbannés souvent présents dans notre imaginaire lorsque l'on évoque l'Inde, de voir pour la première fois un film de Bollywood ou encore de se rendre compte, à la frontière pakistanaise, du nationalisme ambiant sans pour autant s'en inquiéter outre mesure.


Partis peu après 23h vendredi, nous arrivons en gare d'Amritsar samedi vers 7 heures du matin ; le soleil s'est déjà levé sur la vieille ville, ses rayons ne tardent pas à brûler nos têtes nues, peu communes autour de nous car ici à Amritsar, coeur même du sikhisme, les hommes portent un turban, les femmes doivent également cacher leurs cheveux, sous une sorte de voile.

Dans de vastes centres d'hébergement situés aux portes du temple, des milliers de familles sont logées gratuitement. Les dortoirs se situent dans les étages, mais quand le niwas affiche complet, la cour centrale est recouverte de matelas sur lesquels les familles peuvent dormir, à la belle étoile ou se reposer. Nous avons décidé de passer la nuit dans un de ces niwas. Ce weekend, l'affluence est impressionnante. Le soir même, sous un ciel sans astre lunaire, nous apprenons que les jours de pleine lune ou de nouvelle lune attirent les foules.


A l'intérieur du temple, les nuits sont pareilles aux journées : la même atmosphère faite de chants, de lectures, de prières et de marches silencieuses autour du bassin sacré - le bassin de nectar qui a donné son nom à la ville. Les hommes s'immergent dans l'eau sacrée, tandis que leurs femmes remplissent des gourdes qu'elles ramèneront chez elles. Musiciens et chanteurs interprètent jour et nuit des chants religieux, retransmis par des hauts-parleurs disposés à intervalles réguliers dans les allées du Temple. Les fidèles se pressent pour les écouter et déposer leurs offrandes, des pâtisseries que l'on appelle "prassad" qui seront ensuite redistribuées à tous les visiteurs.

La cantine où les fidèles et les visiteurs peuvent gratuitement prendre leurs trois repas quotidiens, fonctionne également de manière continue. Des centaines de bénévoles préparent le repas et assurent le service pour les 50 000 visiteurs quotidiens du temple. En cuisine, les chants des volontaires préparant le repas couvrent partiellement le bruit de la vaisselle lavée dans les grands bacs situés à l'extérieur. Dans l'immense réfectoire, le défilé des volontaires servant Le repas, on ne peut plus simple, est composé de lentilles et de chapati (le pain indien). Dans l'immense réfectoire, le défilé des serveurs n'est qu'un aperçu de l'organisation mise en place pour satisfaire l'appétit de chacun.


Le sikhisme fut fondé à la fin du XVe siècle par le Guru Nanak au Penjab, couloir de rencontres où la terre est si fertile. Les Sikhs forment l'une des communautés les plus originales. Composée de 20 millions de personnes, soit 2% de la population indienne, la communauté sikhe, élite aussi bien intellectuelle que commerçante est une minorité religieuse (et non ethnique) solidaire, entreprenante, très présente dans le domaine de l'économie et des affaires.

Monothéistes, ils ne croient qu'en un seul dieu éternel et infini. Etrange synthèse de l'islam (monothéiste) et de l'hindouisme (polythéiste), le sikhisme se veut être un enseignement spirituel véritablement nouveau. Cette religion correspond à une manière d’être, de rendre service à l’humanité et d’engendrer tolérance et fraternité vis-à-vis de tous. Pour les Sikhs, tous les êtres sont égaux ; ils rejettent fortement le système de castes imposé par la culture hindoue.
Aussi, la femme est-elle considérée comme une part importante de la communauté Sikhe. On lui doit la plus extrême vénération pour son rôle dans la famille et dans la Société. La naissance d'une fille n'est pas considérée comme une malchance ; la « coutume de Sati » (la veuve s'immole par le feu aux côtés de son mari à la disparition de celui-ci) n'existe pas. Au contraire, une femme veuve a le droit de se remarier si elle le désire. Les Sikhs estiment qu'une femme a la même âme qu'un homme, elle a un droit égal au progrès spirituel, à assister à des offices religieux, à réciter les hymnes divins au Temple. Elle est également en droit de participer et d'officier à toute cérémonie y compris le baptême.


Dans cette religion, il n’y a pas d'idole car leur dieu n’est pas considéré comme un être, mais plutôt comme une énergie absolue transcendante, la vérité. En revanche, dans le Temple, un énorme livre fait l’objet de mille attentions. Les prêtres, équipés d’une sorte de gros plumeau, nettoient les pages de ce livre qui ne doit être sali d’aucune poussière. Il s’agit du Sri Gurû Granth Sâhib, le livre sacré considéré comme l’autorité spirituelle suprême des sikhs et qui contient les enseignements des dix Gurus de la religion. Le Guru Nanak a eu en effet neuf successeurs qui ont chacun enrichi ce livre. e dernier d’entre eux, Guru Gobind Singh déclara que son successeur était maintenant le Guru Granth Sahib, ce livre sacré de 1 430 pages qu’il considérait comme alors achevé. Dans l’enceinte du Temple d’Or, ce livre est lu partout.

Il est intéressant de remarquer que quasiment tous les Sikhs hommes s’appellent « Singh », un cauchemar pour l'état civil... Manmohan Singh, le premier ministre indien actuel, est sikh. En réalité, « Singh », qui signifie « lion », n’est pas un nom de famille mais plutôt un titre qui doit être porté comme signe d’appartenance à la fraternité sikhe. L’équivalent chez les femmes est « Kaur » signifiant « princesse ». 


Un Sikh dit Amritdhari (initié dans l'ordre du Khalsa) doit garder sur lui en permanence cinq "articles" de foi, c'est le credo des «5K» :

  • KESH: les cheveux et poils non coupés ni taillés (les cheveux sont attachés en chignon et couverts d’un Keski ou d’un turban)
  • KANGHA: un peigne sikh, généralement en bois, gardé en permanence dans les cheveux en tant que symbole et instrument de propreté et de netteté (un Sikh doit peigner ses cheveux deux fois par jour et les laver deux fois par semaine).
  • KACCHERA: un short utilisé comme sous-vêtement et habillement minimum. Il symbolise la décence et la chasteté et doit garantir dignité et bienséance en toute circonstance.
  • KARA: un bracelet de fer ou d’acier porté au poignet droit (ou gauche pour les gauchers) qui protège le poignet et symbolise la restriction, la retenue dans les actes. La plupart des Sikhs non-Amritdharis portent aussi le Kara.
  • KIRPAN: une épée portée en bandoulière dans son fourreau par une bande de tissu (Gatra), généralement de la taille d’un poignard à un tranchant avec une lame de 12 cm minimum mais généralement de 15 cm. Le Kirpan est un symbole de la volonté de Dieu, de la protection de la religion et de la défense personnelle.


Pour en savoir plus :

Quatre fautes graves excluent un Sikh de l'ordre du Khalsa, il doit alors être rebaptisé:

1.  Couper ses cheveux, barbe ou poils
2.  Manger de la viande
3.  Adultère, viol
4.  Usage du tabac (sous n’importe quelle forme)

Cinq fautes secondaires:
1.  Teindre ou arracher des cheveux blancs
2.  Recevoir de l'argent pour son fils ou sa fille (dote ou autre arrangement)
3.  Boire de l’alcool ou se droguer
4.  Se livrer à n’importe quelle cérémonie violant les principes de la religion Sikh
5.  Enfreindre un vœu ou une recommandation prise lors de la cérémonie d’initiation au Khalsa

Un Sikh doit:

- Avoir foi en un seul Dieu qui est la Vérité
- Apprendre à lire et à comprendre le Gurmukhi (alphabet de 35 lettres distinctes le plus utilisé pour écrire le pendjabi)
- Se rendre au Gurdwara (Temple) fréquemment pour participer au Sangat (assemblée de fidèles),
- Effectuer le Seva (service désintéressé, activités d’assistance)Croire en 1'égalité des êtres humains devant Dieu
- Protéger les pauvres, faibles et opprimés et s’opposer à l’injustice.
- Eviter les cinq émotions néfastes: 
1.  Kama (l'envie, la luxure),
2.  Krodha (la colère),
3.  Lobha (l'avarice),
4.  Moha (la compassion excessive, l’attachement)
5.  Hankara (la vanité, l’orgueil)
- Avoir des habitudes de vie et alimentaires saines,
- Se lever tôt le matin
- Se laver puis méditer sur Dieu (Simran) et réciter les textes sacrés (Gurbanis)
- Défendre la religion et participer au bien-être de la nation sikhe
- Un Sikh ne doit pas se déplacer ou se rendre dans un lieu public sans turban, chez lui ou au travail, il doit au moins se couvrir la tête d’un Keski (petit turban)


Il faut savoir qu'Amritsar a connu deux importants massacres. Le 13 avril 1919, en protestation contre une nouvelle loi permettant aux Anglais d'emprisonner et de condamner les Indiens sans aucun procès, environ 20 000 personnes se réunissent pour manifester dans le Jalianwala Bagh, un beau jardin dont la quiétude d'aujourd'hui contraste avec les horreurs qui y ont été commises. Pour réprimer cette démonstration pacifique, les Anglais décident ce jour-là d'employer la manière forte. Les troupes du général Dyer débarquent et ordonnent d'évacuer les lieux tout en bloquant la seule issue possible, puis font feu à volonté : les soldat tirent dans le tas et tuent 379 personnes en 5 minutes. L'enquête révéla que 1600 balles de fusil avaient été tirées blessant 1200 personnes ; peu de balles perdues donc...

Plus récemment, un autre massacre eut lieu et cette fois-ci dans le Temple d'Or lui-même. Dans les années 80, au Penjab, la revendication d'un Etat autonome atteint son paroxysme : des militants sikhs, indépendantistes, se retranchent dans le Golden Temple. Le dernier jour du mois de mai 1984, après l'échec des négociations, Indira Gandhi envoie l'armée investir le temple. Le 5 juin, les fidèles sont assiégés puis l'assaut est donné. Résultat : officiellement 84 soldats périssent, 248 sont blessés ; 493 pèlerins sont tués (dont 100 femmes et 75 enfants) et 86 sont blessés. D'autres sources, tel le Times of India font pour leur part mentions de presque 780 corps calcinés. Des historiens indépendants comptabilisent environ 700 blessés côté soldats et 5000 côté Sikhs. Ce carnage ne fait qu'accroître la haine qui conduit en octobre de la même année à l'assassinat de la chef d'Etat par ses propres gardes du corps, des Sikhs...

Des massacres contre la communauté sikhe comme ceux-ci ont été perpétrés dans tout le pays. Aujourd'hui tout est rentré dans l'ordre mais Amristar porte encore les cicatrices d'un passé douloureux, qui se confond avec l'histoire mouvementée de la confrérie sikhe.


Plus tard, nous visitons un temple hindou qui ressemble étrangement au Temple d'Or et se situe lui aussi au milieu d'un bassin sacré. Les idoles, très nombreuses chez les hindous, sont bien présentes. A proximité, et sans le vouloir vraiment, nous passons au milieu de buchers funéraires ; la crémation pour les Hindous permet de libérer l'âme des morts. Nous nous arrêtons quelques minutes.

En milieu d'après-midi, nous prenons la route en direction du Pakistan. Sur les 2 912 kilomètres formant depuis 1949 la frontière entre l’Union indienne et le Pakistan, « Wagah Border » est l’unique check point qui autorise le passage régulier d’individus et de marchandises. Chaque soir, les deux forces de sécurité, indienne et pakistanaise, ferment la frontière en sonnant la retraite et en descendant les deux drapeaux. A mi-chemin entre Lahore (capitale du Penjab pakistanais) et Amritsar (Penjab indien), distantes de 60 kilomètres, la frontière et son spectacle peu avant le coucher du soleil attire une foule importante, les embouteillages qui les précédent en témoignent.


Après quelques secondes seulement dans une foule compacte et colorée, nous nous perdons de vue. Je continue donc le chemin seul et me dirige péniblement vers les gradins. Le show, surréaliste, a déjà commencé. De part et d'autre de la frontière, les gardes défilent comme des coqs à la parade. Pakistanais et Indiens se font face, frappent du pied, chantent et bombent le torse dans la liesse la plus totale et sous les sifflets de l'adversaire. Sur fond de nationalisme exacerbé, des « chauffeurs » encouragent la foule à hurler "Jay Hindustan!" (« Vive l'Inde », dans le sens la terre des Hindous), à quoi les autres répliquent en s'égosillant « Pakistan » ou « La ilaha illa Allah » signifiant « Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah ». Quelques simulacres d'assaut viril au pas de charge sous les cris du public me donnent quelques frissons.

Entre deux pays qui depuis 60 ans s'affrontent violemment sur la question cachemirie, ce rituel collectif bien orchestré, dans un espace aussi spécifique permet de réfléchir sur ce que représente la frontière comme enveloppe de la nation. Finalement, si ce rituel montre à certains égards une véritable confrontation, sa mise en tourisme le pacifie, et contribue à transformer l’événement en la première étape d’un projet plus vaste de réconciliation et d’ouverture. 

Note: La guerre du Cachemire n’intéresse pas grand monde et pourtant ! Le Cachemire est la seule région du monde où 2 états dotés l’un et l’autre de l’arme nucléaire se font face. De l’avis même de la CIA, il s’agit du conflit « le plus dangereux au monde ». Il oppose les 2 pays les plus peuplés de la planète (l'Inde et la Chine) et mobilise les consciences de plus de 2 milliards d’êtres humains. Le Cachemire est le centre d’un jeu géostratégique saisissant. Il confronte aussi 3 pays nucléarisés dont les alliances guerrières sont orientées par les alliances politiques des puissances mondiales. Près de soixante ans après la partition de l’Inde, aucun traité n'a fixé la frontière : celle-ci est toujours le prétexte à un conflit qui a fait selon les estimations 80 000 victimes civiles et militaires. Enfin, ce conflit a des répercussions sur la stabilité de l’Asie centrale et du Moyen Orient dont on connaît actuellement la grande fragilité.


La cérémonie touchant à sa fin, je décide de rebrousser chemin. Mes efforts pour me faufiler à travers la foule ne sont pas toujours récompensés mais après une dizaine de minutes d'escalade, de cris et de bousculades, je parviens de nouveau à respirer normalement. Il s'agit alors de retrouver mes trois amis dans la cohue et l'excitation ambiante. Une heure durant, je parcours en long, en large et en travers la route qui mène à la frontière mais parmi ses milliers de personnes, chercher une aiguille dans une botte de foin serait peut-être plus aisé. J'essaye de les joindre mais aucun opérateur indien ne couvre cette zone. Il fait nuit, je commence à m'inquiéter quand, au grand soulagement de chacun, nous nous retrouvons ; un soulagement certes mais qui se révèle de courte durée. Sandra, la paraguayenne, qui a pris l'habitude de me confier son passeport, me demande si je l'ai toujours sur moi. Je lui réponds que oui mais au moment de glisser ma main dans ma poche droite, je me rends compte que celle-ci est ouverte ; j'ai pourtant l'habitude de m'assurer que le bouton pression reste bien fermé. J'enfonce ma main à l'intérieur, mais rien, le passeport a disparu. Et le cauchemar peut commencer ; pour Sandra bien sûr car en Inde, faire refaire son passeport et ses visas est sans doute une longue procédure. Et lorsque l'on sait que l'ambassadeur du Paraguay à New Delhi est en vacances, que l'on est la seule paraguayenne du sous-continent indien ou encore que sans son passeport original il n'y a pas d'espoir de prendre l'avion pour le Népal (dans deux semaines), il y a de quoi avoir des idées noires. Le passeport était sous ma responsabilité et il semble que la responsabilité de sa perte, dans une certaine mesure, puisse m'être attribuée. Il aurait sûrement été judicieux que je mette son passeport avec le mien qui lui est dans une poche zippée mais dans le tumulte que je n'imaginais pas aussi violent, l'idée ne m'est pas venue à l'esprit quand il l'aurait fallu.

Toutes les explications sont alors envisagées : un pick-pocket ouvre ma poche, y trouve le passeport puis le jette car il n'en voit pas l'utilité (versions sombres de Sandra : (i) il jette le passeport dans une poubelle auquel cas, la perte est définitive – heureusement, il y a pas de poubelles en Inde : cette hypothèse est écartée. (ii) ce pick-pocket est spécialisé dans le commerce de faux passeports ; à la frontière indo-pakistanaise, on ne sait jamais). Une autre explication (la plus probable selon moi) veut que dans l'agitation, emporté par la foule qui nous traine, nous entraine, ma poche se soit ouverte et dans un malheureux concours de circonstances, le passeport soit tombé ; si tel est le cas, je n'ose même pas imaginer l'état dans lequel il pourrait être à ce moment précis. Une dernière explication proposée suppose que je n'ai pas emmené le passeport avec moi mais je n'y crois pas. Même si dans ces moments là, nul n'est plus vraiment sûr de rien, je suis convaincu de ne pas avoir ouvert cette poche depuis ce matin... et je la retrouve ouverte ce soir.


Nous décidons de regagner Amritsar car notre chauffeur nous affirme qu'à cette heure-ci au poste de frontière aucun policier ne pourra nous aider. On nous conseille plutôt de nous rendre au poste de police d'Amritsar, où l'on pourra peut-être nous renseigner sur la marche à suivre. Sur la route, je ne dis presque pas un mot ; je me sens responsable, pour ne pas dire coupable. En chemin, nous nous arrêtons pour vérifier que le passeport n'est pas tombé, à l'aller, sous mon siège. Les lumières des téléphones portables sont faibles et n'éclairent pas même l'ombre d'un passeport.

Le poste de police se situant apparemment tout près du Golden Temple, nous allons d'abord vérifier que le passeport n'est pas resté dans le dortoir où nous avions posé bagages. Nous ne trouvons rien. Le passeport est bien perdu, il s'agit maintenant de lancer un avis de recherche. Sandra et moi sortons du niwas et faisons quelques mètres dans la direction qu'un garde sikh nous indique. Quelques secondes plus tard, au hasard, je demande à nouveau quel chemin suivre pour se rendre au poste de police. L'homme que j'interroge, turban noir et barbe brune, accompagné de sa femme et de sa petite fille, nous sera d'une aide précieuse ; nous ne le savons pas encore et lui non plus.
Il sait où se trouve le poste de police et nous y conduit. Il nous demande pourquoi nous souhaitons nous y rendre ; nous lui expliquons alors l'histoire qu'il comprend tout de suite. Arrivés au poste de police, qui ressemble plus à une cour carrée avec une table en bois dans un coin, une cellule bien gardée dans un autre et quelques policiers sikhs un peu partout, nous demandons, après avoir résumé la situation, ce qu'il faut que l'on fasse. Nous voudrions qu'ils contactent le poste de frontière ou qu'ils enregistrent la perte du passeport au cas où quelqu'un le leur ramène. Nos interlocuteurs n'ont pas l'air de comprendre l'anglais, ou du moins pas le nôtre ; gentiment et avec une grande facilité, Sonu, l'homme que l'on vient de rencontrer, traduit nos demandes en hindi et les réponses sikhes en anglais. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ils nous affirment ne pas avoir le numéro du poste de Wagah Border, ils ne peuvent donc pas les contacter ; ceci est moins étonnant au regard de la simplicité et la petitesse de cette gendarmerie dans une ville qui pourtant abrite plus d'un million d'habitants. Les policiers nous disent également que si le passeport est retrouvé c'est l'ambassade (du Paraguay en l'occurrence) qui sera prévenue, leur unique conseil est donc de contacter celle-ci.
Pas plus avancés donc et peut-être bien un peu plus inquiets, nous faisons demi-tour. Sur le bord de la route, Sonu nous dit qu'il connaît quelqu'un qui travaille au poste de frontière de Wagah ; il a malheureusement effacé son numéro il y a un an de cela. Il pense pouvoir le récupérer en contactant un de ses amis. Nous le laissons faire et après deux ou trois appels, il obtient le numéro de la frontière indo-pakistanaise, qu'il enregistre dans mon portable au nom de « Border ». Sans plus attendre, il appelle. On répond. Même s'il parle en hindi, nous connaissons l'histoire qu'il raconte ; le mot passeport revient plusieurs fois.
Soudain, un mot qui nous est familier sort de sa bouche. Je ne me souviens pas de sa prononciation exacte, il veut pourtant tout dire : « paraguayana ». Sandra n'a jamais dit qu'elle était paraguayenne. Nous ne rêvons pas et il semble que notre cauchemar touche à sa fin. Sonu, sous les requêtes de son homologue, demande à Sandra sa date de naissance, son nom... Elle verse une petite larme, je l'imite.

Dieu soit loué.

Le lendemain, nous décidons de nous lever à l'aurore. Dès le petit matin, dans le Temple et aux alentours, la vie bat son plein. Avant de prendre la direction de Wagah, nous faisons pour une dernière fois le tour du bassin sacré en profitant du calme blanc du Temple d'Or dans lequel les couleurs se mêlent.
A la frontière pakistanaise, le passeport qui était par miracle arrivé dans les mains d'un policier quelques minutes après qu'il tombe aux pieds de milliers d'Indiens déchaînés, est intact. Au pays des Sikhs, tout est bien qui finit bien. 


Vers midi, nous allons nous promener au hasard des rues dans la chaleur penjabi. Avec mon ami italien, Paolo, nous faisons l'acquisition de turbans qui en quelques minutes sont installés sur nos têtes. Le ridicule ne tue pas, d'ailleurs nous n'étions pas si ridicules que ça.
Le turban sikh appelé « Pagri » est long d’environ 3 à 7 mètres, rarement plus. Il est généralement en coton de texture fine type mousseline. Sa couleur n'a pas de signification particulière mais le magenta ou le rouge est souvent préféré pour un mariage, le blanc pour des funérailles. Le bleu foncé, le safran et l’orange sont les couleurs du Khalsa, le blanc est un symbole de pureté. Le jaune (safran ou orange) est devenu un symbole de la lutte pour l’indépendance du Khalistan.


Comme l'Inde ne se résume pas à la misère, au Taj Mahal et aux merveilleux palais du Rajasthan (ni à Amritsar d'ailleurs!), il fallait que l'on voit enfin un film de Bollywood au cinéma. Et quel film! LE dernier blockbuster bollywoodien, Dabangg! Comme vous le savez peut-être, le terme « Bollywood » combine l'initiale de Bombay au symbole de l'industrie cinématographique américaine, à savoir Hollywood et désigne plus un genre cinématographique qu'un lieu ou une compagnie spécifiques.
Le film qui mêle action, humour et amour peut être présenté ainsi : « Policier au sein de la brigade de Laalguri, dans l’Uttar Pradesh, Chulbul Pandey est un officier sans peur, mais hélas pas sans reproches. Son père est mort alors qu’il n’était qu’un enfant et sa mère s’est remariée. De ce deuxième mariage est né Makhanchan, le demi-frère de Chulbul ; moins doué, mais toujours le préféré de ses parents. Il s’est donc détaché très tôt de sa famille ; d’où peut-être son amertume et son mépris des règles. Et cette attitude lui a valu quelques ennemis, dont notamment Cheddi Singh qui connaissant son histoire, décide d’utiliser Makhnachan pour nuire au policier. Chulbul devrait s’en inquiéter, mais il a d’autres pensées en tête. Il vient de faire la connaissance de Rajo, une ravissante jeune femme dont l’âme est aussi pure que la sienne est corrompu. »

Quittons-nous sur un des agréables airs qui ajoutés à son humour et la beauté des danses et des images nous ont permis d'apprécier ce film en hindi sans sous-titres...

http://www.youtube.com/watch?v=K_J-y2vZLrc